Sujet zéro 2024 – Bac SES France – Corrigé – Épreuve composée – Sujet A

ACCALAURÉAT GÉNÉRAL, Sujet zéro 2024 – SES – Corrigé – Épreuve composée – Sujet A, Sujet zéro 2024 – Bac SES France – Corrigé – Épreuve composée – Sujet A.

ÉPREUVE D’ENSEIGNEMENT DE SPÉCIALITÉ SESSION 2024 SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

ÉPREUVE COMPOSÉE – SUJET A

PREMIÈRE PARTIE :
Mobilisation des connaissances (4 points)

En quoi la consommation engagée peut-elle être comprise comme une forme d’engagement politique ?

Dans sa réponse à cette question, le candidat doit démontrer ses connaissances personnelles sur les notions du programme et son aptitude à ordonner une argumentation dans le but de répondre à une question précise.
La réponse ne doit pas être trop longue, mais elle doit être claire et complète.

Il convient dans un premier temps de bien cerner les deux notions mises en avant dans la question : la consommation engagée et l’engagement politique.
Il existe plusieurs possibilités d’organisation de votre réponse à la question posée. Ici, nous vous proposons par exemple de commencer donc par rappeler ce qu’est l’engagement politique pour en saisir toute la dimension et pouvoir ensuite démontrer plus clairement la manière dont la consommation engagée s’inscrit dans ce schéma.

L’engagement politique désigne toutes les formes de participation d’un individu à la vie de la cité. Il peut bien évidemment s’agir de voter mais également de militer dans un parti, un syndicat ou au sein d’un mouvement social visant à transformer la société.

Ici, on a donc identifié le but de l’engagement politique : la transformation de la société.
Une fois que vous avez identifié cet objectif, le lien entre la consommation engagée et l’engagement politique peut être démontré plus facilement.
N’hésitez donc pas à prendre le temps de définir les notions importantes sur votre brouillon et, lorsque cela s’y prête, dans le développement de votre réponse.

Toutefois, l’engagement peut également concerner des pratiques plus personnelles à travers la consommation engagée. Dans ce cas, il s’agit d’une forme d’engagement étant donné que les citoyens expriment et défendent de façon individuelle des principes éthiques, sociaux ou politiques ayant une dimension collective. Nous pouvons prendre l’exemple du boycott de produits issus de l’exploitation des Ouighours en Chine (vêtements notamment) ou encore le fait de ne pas (ou ne plus) consommer d’œufs de poules en batteries. Dans le premier cas, l’engagement porte sur la défense des droits humains alors que dans la seconde, le militantisme porte sur la condition animale.

Pensez à argumenter votre réponse à travers un ou des exemples choisis.
Ici, les deux exemples mentionnés permettent d’appuyer la dimension collective qui transparaît dans l’engagement individuel : l’individu s’engage sur des principes qui répondent à un idéal social.

De plus, la consommation engagée est une forme d’engagement politique étant donné qu’elle s’appuie sur des acteurs issus de la société civile organisée (associations et collectifs de consommateurs), des secteurs économiques (l’économie sociale et solidaire par exemple) mais également des préconisations élaborées par les pouvoirs publics (labels notamment).
La consommation engagée est enfin un engagement étant donné qu’elle permet aux individus de défendre une cause à destination des autres citoyens. Elle mobilise un répertoire d’action politique reposant sur le dialogue et la sensibilisation des consommateurs aux conséquences de leurs pratiques. Elle peut également conduire à l’organisation de boycotts de certains produits et/ou à organiser de nouveaux modes de consommation (produits bio, circuits courts entre autres).
La consommation engagée peut néanmoins être reprise à bon compte en tant que stratégie commerciale. Nous pouvons prendre l’exemple de la firme Nike à travers sa campagne récente contre le racisme aux États-Unis. Cette même firme avait pourtant, quelques années auparavant été boycottée par certains consommateurs l’accusant de sous-traiter la production de ses vêtements à des enfants en Asie du Sud-est.

DEUXIÈME PARTIE :
Étude d’un document (6 points)

La première question de l’étude de document est descriptive : vous devez montrer que vous savez lire et interpréter les données d’un graphique ou d’un document statistique.
La réponse doit vous prendre moins de temps que celle de la deuxième question, plus complexe.

Pensez à bien lire les notes sous le document pour bien avoir en tête les notions de mobilité sociale verticale et non verticale.

En 2015, la mobilité sociale observée par rapport au père est plus forte pour les femmes que pour les hommes. On constate que près de 70 % des femmes connaissent une mobilité sociale, ce qui représente 5 points de plus que pour les hommes. Mais cette plus grande mobilité des femmes par rapport au père s’effectue-t-elle dans le sens d’une réduction des inégalités hommes/femmes ?
Tout d’abord, on observe assez peu de différence sur le plan de la mobilité horizontale entre les hommes et les femmes : 23,3 % des femmes changent de position sociale par rapport à leur père tout en restant dans une PCS proche contre 22,6 % des hommes.
C’est essentiellement sur le plan de la mobilité verticale (ascension sociale et déclassement) que l’on observe le plus de différences entre les hommes et les femmes par rapport à la situation du père. On peut même parler d’inégalité sexuelle étant donné que les femmes connaissent plus fréquemment une mobilité descendante qu’ascendante par rapport à leur père (25 % contre 21,8 %), alors que, chez les hommes, la mobilité sociale ascendante est près de 2 fois (1,84) plus forte que la mobilité descendante.
Pour le dire autrement, les dernières données de la mobilité sociale en France indiquent que les hommes ont plus de probabilité de connaître une mobilité ascendante par rapport à leur père (27,6 %) que les femmes (21,8 %) : 5,8 points d’écart.

La deuxième question de l’étude de document est descriptive ET surtout explicative : vous devez donc aussi faire appel à vos connaissances pour donner une réponse argumentée à la question.

Pensez à bien définir la notion clé de la question : ici, il s’agit du déclassement social.
Une fois que c’est fait, vous pouvez partir de la description de l’évolution du déclassement pour les hommes et les femmes à partir des données du tableau. Cela vous permettra de dégager la tendance de cette évolution.
Ensuite, vous pourrez en donner les raisons en mobilisant vos connaissances.

Le déclassement social désigne une situation de mobilité sociale descendante : la position sociale occupée par un individu se détériore par rapport à celle de ses parents (mobilité intergénérationnelle) ou par rapport à sa position antérieure (mobilité intragénérationnelle).
Dans ce document de l’Insee, le déclassement social se donne à voir dans la dernière ligne du tableau qui nous indique l’évolution de la mobilité descendante pour les hommes et les femmes au cours des cinq dernières enquêtes portant sur la mobilité sociale en France.
Comme nous le rappelions précédemment, le déclassement social par rapport au père est un phénomène touchant davantage les femmes que les hommes. Cependant, depuis la fin des années 1970, le déclassement a tendance à augmenter quel que soit le sexe. À chaque nouvelle génération, la proportion d’individus occupant une position inférieure par rapport au père augmente. Ainsi, entre 1977 et 2015, la part du déclassement social dans la mobilité observée a augmenté de 7,4 points chez les femmes et 7,8 points chez les hommes. La part des hommes subissant un déclassement par rapport au père a plus que doublé entre 1977 et 2015 (+108 %), alors que cette part n’augmente « que » de 42 % pour les femmes, qui restent néanmoins largement plus déclassées que les hommes en 2015. Comment expliquer un tel phénomène ?
Tout d’abord, la massification scolaire (allongement de la scolarité) a entraîné un plus large accès aux diplômes ainsi qu’aux études supérieures. Les postes de cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) et professions intermédiaires (PI) sont donc plus rapidement pourvus que les autres. Le nombre d’individus en mesure d’occuper le haut de l’espace social augmente plus rapidement que les postes disponibles, alimentant structurellement le déclassement social.
Enfin, l’ouverture de l’enseignement aux catégories populaires (la démocratisation scolaire), certes relative, permet une meilleure fluidité sociale. Les places occupées par les enfants issus des catégories sociales favorisées sont de plus en plus contestées par les enfants issus des catégories populaires. Nous l’observons d’ailleurs dans les chiffres de la mobilité ascendante : l’ascension sociale des uns alimente le déclassement des autres.

TROISIÈME PARTIE :
Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points)

À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que le commerce international a des effets sur les inégalités entre les pays et au sein de chaque pays.

Cette partie consiste en une démonstration composée d’une suite progressive d’arguments.
Pensez à utiliser le brouillon pour organiser vos différents arguments et construire votre raisonnement (plan schématique). N’oubliez pas de sélectionner des éléments disponibles dans les documents pour les mobiliser dans votre réponse.

Le sujet s’insère dans l’objectif d’apprentissage suivant : « Comprendre les effets induits par le commerce international : gains moyens en termes de baisse de prix, réduction des inégalités entre pays, accroissement des inégalités de revenus au sein de chaque pays […]. »

Le commerce international désigne au sens strict un échange de biens (marchandises) entre les États (mesuré grâce à la balance commerciale). Plus largement, les échanges de services et les transferts de revenus (salaires, profits) entre les États sont pris en compte pour une vision élargie de commerce international (balance des transactions courantes). Le commerce international est une composante de la mondialisation économique. Nous allons voir en quoi cette composante peut ou non favoriser la réduction des inégalités de niveaux de vie. Nous verrons que le développement du commerce international a permis une élévation moyenne des niveaux de vie dans le monde mais nous nuancerons en montrant que derrière cette « moyenne » se cachent bien souvent des phénomènes d’accroissement des inégalités au sein des pays et de décrochage de certaines régions du monde.

L’introduction a permis ici de définir la notion clé de commerce international et de présenter rapidement la structure du raisonnement proposé pour répondre à la question.

Le commerce international s’internationalise à partir des années 1950, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, avec les signatures d’accords de libre-échange (GATT) qui permettent d’abaisser les droits de douanes sur le commerce des marchandises. Cette ouverture des économies au commerce international n’a cessé de s’accélérer, notamment à partir des années 1990 (poids croissant des services dans le commerce international, globalisation financière). En 2001, la Chine est intégrée au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et jouit des mêmes avantages que les autres nations. Elle devient rapidement le premier exportateur mondial de marchandises en volume.
Dans de nombreuses régions du monde, le développement des échanges internationaux a pu, en un sens, permettre le rattrapage économique de pays tels que la Corée du Sud ou encore la Chine (document 1) qui se sont spécialisés dans certaines productions dans lesquelles une demande mondiale se manifestait. Ces spécialisations ont pu produire en retour une augmentation des richesses produites. En 2000, un habitant de Chine produisait en moyenne 68 % de richesses de moins qu’un habitant dans le monde. Aujourd’hui, sa production moyenne (et donc les revenus que cet habitant génère) correspond à celle de la moyenne mondiale d’un habitant (document 1). L’ouverture de la Chine sur le commerce mondial a ainsi permis l’élévation du niveau de vie moyen de sa population.
Les courants libéraux en science économique insistent bien souvent sur le lien entre commerce international, compétitivité (capacité pour les firmes à gagner des parts de marché) et réduction des inégalités. En réduisant les tarifs douaniers tout en adoptant, partout et pour tous, les mêmes avantages en termes commercial, des économies d’échelle se produisent sous l’effet des spécialisations mises en évidence par David Ricardo. En effet, les coûts fixes associés à l’envoi de marchandises peuvent être amortis plus facilement à mesure que la taille des marchés augmente. Ce phénomène est amplifié par les progrès techniques associés à l’informatisation qui permet une rencontre plus simple entre l’offre et la demande. De plus, la libre-circulation du travail et du capital (investissements directs à l’étranger, délocalisations) concourent à modifier l’organisation de la production à l’échelle internationale. Certaines zones du monde, en particulier en Asie et au Moyen-Orient, ont au final su profiter de l’essor du commerce international, passant du statut de « pays émergents » à celui de « pays émergés » voire « très avancés » sous l’effet de l’ouverture au commerce international. Le développement économique peut aussi permettre aux pouvoirs publics d’avoir plus de moyens pour investir dans l’éducation, les soins, et donc de favoriser une baisse des inégalités sociales entre pays.

Dans cette première partie du développement, on a donc proposé les arguments démontrant que le commerce international peut favoriser la réduction des inégalités de niveau de vie entre les pays. Pour cela, on a mis en avant le rapprochement des PIB par habitant entre les pays, notamment avec l’exemple de la Chine. On a aussi parlé des règles du libre-échange qui ont modifié l’organisation de la production, permettant à des pays d’émerger et de gagner en niveau de vie.

Mais si l’on passe de l’échelle internationale à l’échelle nationale, on remarque alors que l’essor du commerce international reposant sur le libre-échange des facteurs de production et l’innovation génère une augmentation des inégalités parfois importante à l’intérieur des pays, notamment ceux du Nord. Aux États-Unis comme en France, des régions autrefois attractives sur le plan de l’emploi industriel sont désormais en voie de désertification. En effet, la révolution de l’informatique a pour ainsi dire décentralisé l’usine fordiste dans le monde. De nombreuses entreprises ont ainsi délocalisé leurs activités dans des territoires plus attractifs en termes de coûts de production. Au Nord, la main-d’œuvre peu qualifiée se retrouve prise au piège du commerce international. En France, nous observons par exemple la montée incompressible du chômage depuis les années 1970 alors qu’aux États-Unis, où le marché du travail est plus flexible, nous observons le développement du phénomène des travailleurs pauvres (working poors). Dans ces régions du monde, les inégalités de revenus ont considérablement augmenté à partir des années 1980. La part du revenu détenu par les 10 % des personnes les plus riches entre 1980 et 2015 a augmenté aux États-Unis (de 34 % à 48 %, soit +14 points) ou en Europe (de 28 % à 34 %, soit +6 points). Cette part comprend notamment les « vainqueurs » du commerce international, tandis que les « perdants » alimentent les chiffres des personnes, toujours plus nombreuses, à vivre sous le seuil de pauvreté. En Chine, où le commerce international est florissant (premier exportateur mondial de marchandise), nous observons également une augmentation des inégalités au profit des 10 % les plus riches laissant supposer que le commerce international ne bénéficie pas toujours équitablement à toute une population.
Géographiquement, on peut remarquer que la libre-circulation du travail et du capital et les progrès techniques associés à l’informatisation opèrent d’importants effets d’agglomération dans certaines régions du monde : les entreprises sont attirées par la proximité d’autres entreprises pour améliorer leur productivité. Les concentrations d’activités favorisent le développement de ces régions, mais elles renforcent donc aussi en retour l’émergence de zones de « vide économique » qui ne sont pas intégrées de la même façon.

Dans cette deuxième partie du développement, on a donc proposé les arguments démontrant que le commerce international peut favoriser l’augmentation des inégalités au sein d’un même pays. Pour cela, on a mis en avant les délocalisations et la désertification qui sinistrent d’anciennes régions industrielles dans les pays développés. On a aussi parlé des inégalités de revenus qui se creusent dans les pays : les plus riches sont de plus en plus riches, tandis que le nombre de personnes pauvres augmente.

En conclusion, nous pouvons affirmer qu’en moyenne, les inégalités entre les pays dans le monde ont eu tendance à se réduire avec l’essor du commerce international. Pourtant, cette réduction des inégalités s’est faite au profit de certaines régions du monde, d’autres demeurant décrochées dans la compétition internationale. Si de nombreux phénomènes de rattrapage ont été permis grâce au commerce international, l’essor du commerce international a aussi produit une remontée des inégalités à l’intérieur des pays, notamment en augmentant la barrière séparant travailleurs hautement qualifiées et classes populaires au sein des pays développés.
Nous pouvons donc conclure en affirmant que la corrélation positive entre la croissance du commerce international et la réduction des inégalités dans le monde est limitée.

La conclusion a permis ici de récapituler les grandes lignes du raisonnement de façon claire et précise.

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