Cours Histoire Premiere A C D E TI – Les institutions politiques, sociales et économiques du Cameroun en 1884: Aspects interne et externe

INTRODUCTION
Avant 1884, le Cameroun n’est pas encore un État mais il est constitué d’un ensemble de peuples ayant chacun une organisation politique, sociale et économique particulière. A cette époque, existaient deux grands types d’institutions ; les sociétés étatiques et les sociétés acéphales. Une institution est un ensemble de structures caractérisées par des règles établies en vue de la satisfaction des intérêts collectifs.

I-LES SOCIÉTÉS ÉTATIQUES : LES PEUPLES DE LA SAVANE ET DES GRASSFIELDS
1- LES PEUPLES DE LA SAVANE
Ils sont localisés dans la partie septentrionale du Cameroun et se divisent en deux grands ensembles ; les néo soudanais (Foulbé, Moundang) et les paléo soudanais (Sao)
a) L’organisation politique des néo soudanais
Les foulbé ont une organisation politique bien structurée et centralisée. On parle alors de société hiérarchisée. L’entité politique est le lamidat qui est une chefferie traditionnelle et musulmane. Il est dirigé par un lamido élu à vie parmi les membres de la famille régnante. À la fois chef politique et chef religieux, ce dernier détient tous les pouvoirs. Il est assisté d’un conseil de 12 notables appelé Faada. Les principaux ministres sont :
– Le 1er ministre ou Galdima
– Le ministre de l’élevage ou Sarki Sanou
– Le ministre du culte ou Imam
– Le ministre de la justice ou Alkali
– Le ministre de la guerre ou Sarki Yaki
– Le 1er dignitaire du palais ou Kaigama
b) L’organisation socio-économique des néo soudanais
Sur le plan économique, ce sont des éleveurs et des commerçants. Sur le plan social, la société est divisée en feux groupes ; les hommes libres ou Rimbé et les esclaves ou Matchoubé. Les 1er groupe concerne les foulbé ou tout autre musulman (arabe, haoussa) tandis que le second est formé des autochtones conquis et réduits en sous homme pouvant être échangés ou vendus.
2- LES PEUPLES DE GRASSFIELDS
Parmi ces peuples, nous avons les bamiléké, les bamoun et les tikar.
a) Les bamiléké et les tikar
Sur le plan politique, les bamiléké et les tikar sont regroupés en village indépendant (chefferie) dirigé par un chef appelé Fo ou Fon. Il est le roi de la communauté, chef politique et chef religieux. Il est intronisé après une phase d’initiation dans le Laakam. Il est assisté d’un conseil de 9 notables appelé Nkamvu et d’une armée Madjou. La mère du chef ou Mafo est très influente et peut diriger la chefferie en l’absence du chef. Les sous-cefs sont appelés Fonte, frères du chef Wambo, ses fils Sab et ses serviteurs Tchinda.
Sur le plan social, la société est divisée en serviteurs en en hommes libres. Ils adorent un Dieu appelé Nsi et pratiquent le culte des ancêtres à travers la conservation des crânes des défunts dans une maison appelée Fam.
Sur le plan économique, la société bamiléké excelle dans la poterie, la sculpture du bois et la peinture. Ils sont aussi de grands agriculteurs. L’artisanat et le culte des ancêtres font de la civilisation bamiléké l’une des plus originales de l’Afrique.
b) Les bamouns
Sur le plan politique, l’organisation de la société bamoun ressemble à celle des bamilékés. Ils ont pour père fondateur Ncharé. Le chef est appelé Mfon ou Sultan. Il a le pouvoir absolu sur ses sujets. A coté de lui siège la reine-mère dont l’influence s’étend sur l’ensemble du royaume. Il est assisté dans sa tâche par un conseil de notables formé par
– Trois Tita mfon ou père roi qui prend des décisions importantes
– Le Tita ngu ou père du pays qui annonce au peuple les décisions prises par le roi
– Les Nji qui sont les membres soit de la famille royale, soit des familles nobles ou encore les officiers de la cour
Sur le plan social, outre toutes les personnes évoquées plus haut qui constituent la classe supérieure de l’échelle sociale, on a aussi :
– Les Mfo-yome, ce sont les représentants du roi dans les villages soumis.
– Les chefs de quartiers et leurs adjoints
– Le reste du peuple regroupé en castes. La caste la plus importante est celle des artisans.
Sur le plan religieux, ils pratiquent aussi le culte du crâne et adorent un Dieu appelé Allah.
Sur le plan économique, les bamoun pratiquent les mêmes activités que les bamilékés mais ils excellent dans la fabrication des masques et des statuettes en bronze.

II- LES SOCIÉTÉS ACÉPHALES : LES PEUPLES MONDANG DU SEPTENTRION, DE LA FORET, ET DE LA COTE
1-LES MOUNDANG
Parmi les néo soudanais, nous avons aussi les Moundang et d’autres peuples autochtones de l’Adamaoua et des hautes terres de l’Extrême nord. Ils sont restés animistes malgré la pression islamique (Jihad).
Sur le plan social c’est une société égalitaire divisée en clans donc l’unité territoriale est le village.
Sur le plan politique, chaque clan est dirigé par un chef de clan appelé Gon. Il exerce son autorité sur un groupe restreint c’est-à-dire un ensemble de familles descendant d’un même ancêtre. Il est désigné par un conseil de sages qui l’assiste dans sa tâche. Ses pouvoirs sont contrebalancés par :
– Le chef de terre ou Pelian
– Le chef initiatique ou Payang
– Le faiseur de pluie ou Pabamé
– Le divin ou Pakendang.
2- LES PEUPLES DE LA FORET : LES FANG BETI DANS LE SUD FORESTIER
Sur le plan politique, les Fang beti ont une organisation sommaire. L’autorité est patriarcale c’est-à-dire assurée par les anciens du clan. Il n’existe pas d’autorité centrale ni de chef véritablement intronisé. Les chefs de famille sont indépendants et leurs autorités se valent. Ces derniers désignent néanmoins un chef, généralement l’héritier du fondateur qui peut être destitué lorsqu’il ne joue plus le rôle pour lequel il a été choisi. Le chef est aidé dans sa tâche par un conseil de notable appelé Essié.
Sur le plan social, en plus des autorités citées plus haut, la société Fang beti est composée des épouses, des ainés, des cadets et des esclaves. La civilisation de ces peuples est très riche. Ils sont de grands sculpteurs de bois et d’ivoire, des graveurs et des peintres. Ils sont les maitres de la métallurgie. La littérature des Fang beti est orale et se transmet par les chanteurs du Mvet qui sont de véritables poètes et gardiens de la tradition du clan. Les valeurs morales et sociales sont également transmises par les fables et les contes. Ils sont monothéistes et croient en un Dieu créateur de tout appelé Zamba.
L’économie des Fang beti repose sur l’agriculture de survivance, la chasse, la cueillette et le commerce du troc effectué avec les pygmées ou les peuples de la côte.
3- LES PEUPLES DE LA COTE : LES DOUALA
Sur le plan politique, les chefs douala portent le titre de roi ou de prince comme les européens avec qui ils étaient déjà en contact depuis le XVème siècle. Les rois sont entourés par un conseil de sages qui leur permet de diriger le clan. C’est une société étatique à base clanique. Ils constituent une véritable symbiose des organisations bamiléké (société étatique) et Fang beti (société clanique).
Sur le plan social, les douala se repartissent en deux familles (Akwa et Bell) descendant d’un ancêtre commun appelé Mbédi. La société douala est basée sur la famille au sens large. Le chef de famille Sango a mboa assisté de sa femme Nyango a mboa fonde un foyer ou Mboa. Ces familles vivent dans un système de démocratie villageoise contrôlée par les ainés du lignage et les responsables des sociétés secrètes. Les douala croient en un Dieu créateur Nyambé et s’adonnent au culte des Miengu ou génies du fleuve.
Sur le plan économique, les douala sont essentiellement des pêcheurs mais pratiquent aussi le commerce avec les peuples voisins et les européens.

CONCLUSION
Avant 1884, les peuples du Cameroun avaient déjà une organisation socio politique. Mais en dehors de quelques sociétés qui ont su garder leur originalité (les grassfields), leur civilisation a été influencée par celle de l’occident.

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