Cours Geographie Premiere A,C,D,E,TI – Les migrations

Introduction
Le dictionnaire démographique des Nations Unies définit la migration comme un déplacement qui a pour effet de transférer la résidence d’un individu.
Cette notion est considérée de façon générale comme le déplacement d’un individu ou groupe d’individus d’une région à une autre.
Il existe 2 grandes catégories de migration :
• Les migrations nationales (l’exode rural et l’exode urbain) ;
• Les migrations internationales (entre Nations).
Les migrations internationales se distinguent par leur caractère illicite, licite, temporel et directionnel. Elles font intervenir les notions d’émigration et d’immigration.
Un émigrant est une personne qui quitte son pays d’origine pour un pays d’accueil.
Un immigrant est celui qui arrive dans un pays étranger. Du latin immigrare (rentrer dans un lieu étranger),
L’immigration désigne l’entrée dans un pays ou une aire géographique donnée de personnes étrangères qui y viennent pour un long séjour ou pour s’y installer,
L’émigration est le fait de partir de son pays pour d’autres horizons.
Aujourd’hui plusieurs facteurs expliquent ces mouvements de la population de plus en plus généralisés.

I. Les principaux facteurs de la migration
1-Les causes politiques
Les causes politiques des migrations se résument dans les actes de violence et des abus de pouvoir. On peut distinguer :
• La multiplication des guerres et des régimes dictatoriaux,
• Les crises post-électorales,
• Les exactions commises au nom de la religion, de la tribu, de la race ou de l’idéologie politique.
Les personnes déplacées par ces actes de violence fuient à la suite non pas des persécutions subies à titre individuel mais d’une escalade de violence à laquelle une grande partie, voire toute la communauté est exposée. Ce fut le cas :
• Du génocide rwandais (du 7 Avril au 17 Juillet 1994) ou les Tutsis persécutés par les Hutu se sont réfugiés dans plusieurs pays africains (il a fait près d’un million de morts, ce fut le génocide le plus rapide de l’histoire de l’humanité) ;
• Des Rohingyas persécutées en Birmanie où vit 90% de Bouddhistes, en effet, il s’agit d’une minorité musulmane qui depuis 2016 subit une répression sanglante de la part de l’armée Birmane. Elle a fui son village situé à Rakhine (ouest du pays) pour s’entasser dans des camps insalubres situés le long du Bangladesh. En janvier 2018, ils étaient estimés à 650.000.
Dans ce sillage, l’on peut aussi relever les nombreux déplacements après la crise post-électorale :
• Cote d’Ivoire (2010-2011),
• RCA, (depuis 2012, les groupes armées Seleka composés de musulmans et Anti Balaka fait de chrétiens s’affrontent violemment dans le pays. D’origine politique, ce conflit a pris une tournure religieuse et ethnique. Depuis cette date, l’on dénombre des milliers de morts et plus d’un million de déplacés au Tchad et au Cameroun) ;
• Cameroun : Guerre sécessionniste ou Nord-Ouest et Sud-Ouest Cameroun (2016 à nos jours) …
La plupart des victimes de ces injustices cherchent refuges soit dans une région éloignée de leur pays d’origine, soit dans un pays voisin où elles sont généralement accueillies dans des camps de fortune peu équipés où règnent famines, épidémies, insalubrités, promiscuité, viols et d’autres maux qui mettent en mal la dignité humaine malgré les nombreux efforts réalisés par le HCR.
Toutes ces personnes qui fuient ces régions instables, parfois au péril de leur vie à la recherche d’un espace paisible, sont appelées réfugiées.
Un réfugie est une personne reconnue comme étant en danger dans son milieu de vie d’origine et qui a le droit d’être accueillie dans un territoire donné.
Si les motifs de départ sont politiques, il porte le nom de réfugié politique.
L’instabilité du monde contemporain a donc fait des migrations forcées, l’une des formes les plus fréquentes des migrations.

2-Les causes économiques
Plusieurs personnes se déplacent aujourd’hui à cause des conditions de vie déplorables qui persistent dans leurs pays. En effet, près de 2/3 de la population mondiale habitent dans les pays du Tiers monde donc la majorité vit avec moins d’un dollar par jour c’est à dire en dessous du seuil de pauvreté qui contraste avec les 1/3 de cette population vit dans un luxe insolent. Une étude a révélé que 2/5 de la population mondiale possède 4/5 des richesses de la planète. Ce fossé qui se creuse davantage entre les nantis et les démunis constitue un facteur déterminent des migrations internationales.
La croissance de la population et la stagnation de l’économie expliquent davantage cette situation planétaire. En effet, une croissance démographique démesurée, combinée à des perspectives économiques insuffisantes sont dans certaines régions à l’origine d’une forte pression migratoire. Plusieurs pays plient sous le poids de la dette et subissent la chute des prix des matières premières, ce qui entrave la mise en place des industries exportatrices performantes. L’instabilité de la politique économique, l’absence de sécurité juridique et les lourdeurs administratives dissuadent les investisseurs et les groupes industriels de mettre sur pied des projets à long terme dans les pays du Sud. Le corollaire est la hausse du taux de chômage et du sous-emploi poussant ainsi de nombreuses personnes d’aller chercher leur pain quotidien ailleurs. D’autres (ingénieurs, ouvriers qualifiés, chercheurs scientifiques, enseignants etc.) se déplacent à la recherche de meilleures conditions de travail, des emplois plus lucratifs afin d’améliorer leur niveau de vie. On les appelle aujourd’hui les migrants économiques. A titre illustratif, les disparités de SMIC entre les pays développés et les pays en voies de développement ou sous-développées.
Exemple celui du Cameroun est de 36270 FCFA comparé à celui de la France 1539,42 Euro soit 1 007 747,2 FCFA.

3- Les raisons socioculturelles
En dehors des deux premiers facteurs, les raisons socioculturelles expliquent aussi les déplacements des hommes. Ici, la religion occupe une place primordiale dans la mesure où certains fidèles ou croyants sont persécutés à cause de leur foi ou leur religion. Ils sont donc contraints de quitter ces espaces pour s’épanouir ailleurs. A ce propos, on peut citer :
• La persécution des juifs en Europe pendant le 2ème Guerre Mondiale ;
• L’émigration en 2018 des témoins de Jehova harcelés en Russie ;
• Le départ forcé de la minorité musulmane Rohingya de la Birmanie ;
• Les attaques ciblées des chrétiens en Inde etc.
Ces déplacements sont parfois orientés vers des lieux saints tels que la Mecque (Arabie Saoudite), Rome (Italie), Fatima (Portugal), Jérusalem (Israël).
Certaines pratiques traditionnelles telles que l’excision poussent aussi de nombreuses femmes à s’expatrier. C’est le cas de plusieurs maliennes et sénégalaises qui combattent ce fléau mais étant loin de leur demeure familiale.

4- Les raisons climatiques
Les changements climatiques sont aussi à l’origine des migrations tant nationales qu’internationales. C’est à partir de 1985 que de nombreuses personnalités (photographes, journalistes, environnementalistes, démographes, diplomates…) ont commencé à établir la relation entre changement climatique et migration d’où le terme refugié climatiques ou écologiques (éco refugiés).
C’est le cas d’ESSAM EL HINNAWI, chercheur à l’ONU, il évoquait le terme de réfugiés pour parler des personnes déplacées à la suite des sécheresses subsahariennes. Les éco refugiés sont donc des personnes ou groupes de personnes forcées de quitter leur lieu de vie temporairement ou de façon permanente à cause d’une rupture environnementale d’origine naturelle ou humaine qui a mis en péril leur existence ou affecte sérieusement leurs conditions de vie. Les causes de ces déplacements sont :
• La désertification ; le désert du Sahara a repoussé les éleveurs peuls du Mali et du Burkina Faso vers le Ghana.

• La salinisation ; en Egypte, 50% de terre arable irriguées sont déjà touchées par ce problème obligeant de nombreuses familles à migrer ailleurs.
• L’érosion en Turquie, 160.000 km2 de sols cultivables sont déjà dégradés par l’érosion.
• La montée des océans ; certains pays sont voués à disparaitre dans les eaux ou à s’adapter à l’élévation du niveau de l’eau.
♥ C’est le cas de la république des Kiribati, État insulaire du pacifique qui a même déjà développé des stratégies permettant à ses citoyens de migrer avec dignité.
♥ Les iles Tuvalu dont les responsables demandent déjà l’aide de la Nouvelle Zélande
♥ Le cas des Pays bas qui développe déjà les maisons flottantes.
• Les inondations ; le Bangladesh, la côte Est des USA ou les régions méditerranéennes en sont les plus touchés causant de nombreuses pertes en vies humaines, de nombreux dégâts matériels et de nombreux déplacements.

• L’assèchement des lacs et des mers intérieures ; c’est le cas de la mer Aral ou du lac Tchad

• Le renforcement de la puissance des ouragans, typhons, tempêtes et tsunamis ; l’exemple est celui de la Floride ou de nombreux habitants sont obligés d’abandonner leur maison paradisiaque de la côte afin de trouver refuge vers l’intérieur du pays.
• La toxicité de l’eau, sol, air responsable de plusieurs migrations.
Étant liés aux changements climatiques, toutes ces catastrophes ont déplacé environ 203 millions de personnes entre 2008 et 2015 donc la majorité en Asie du Sud d’après l’OIM.
Selon Christian AID, en 2050 au moins 1 milliard de personnes devrait migrer de par le monde dont plus de la moitié pour s’adapter au réchauffement climatique ou en fuir ses conséquences. Cette crise migratoire devrait dépasser celle qui est vécu actuellement en Europe. Ces migrations environnementales risquent donc d’accroitre les tensions et les conflits.
A ce propos, M. Muniruzzaman directeur de l’ Institut sur les études pour la paix et la sécurité du Bangladesh déclarait lors du forum mondial sur la migration et le développement tenu à Dhaka (capitale du Bangladesh) en février 2018 déclarait : « si l’on ne recentre pas l’attention sur cette question, le pacte mondiale pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ne permettra pas de gérer les déplacements de masse liés aux changements climatiques et les effets multiplicateurs risquent d’être plus importants que prévu. Par exemple les migrants climatiques qui ont peu de possibilité d’emploi pourraient venir gonfler les rangs des organisations criminelles et la disparition des États insulaires pourraient entrainer des conflits armés en haute mer avec des pays tentés de s‘emparer des territoires maritimes récemment abandonnés ». selon lui, « il ne s’agit pas seulement d’un problème humanitaire, il s’agit d’un problème de sécurité mondiale ».

5. Les migrations internationales pour études
Le facteur essentiel de cette mobilité reste et demeure l’inégalité Nord-Sud

II-Les flux migratoires dans le monde
On appelle flux migratoire, l’ensemble des personnes en circulation dans le monde.
Les migrations internationales connaissent 3 principaux flux :
• Des pays du tiers monde vers les pays développés ;
• Entre pays développés
• Entre pays du tiers monde.
Les migrations deviennent importantes entre pays développés en raison de :
La croissance des opportunités ;
La solidarité inter-étatique (espace Schengen) ;
L’amélioration des moyens de transport et de communication.
A l’échelle mondiale, l’Amérique du nord, l’Europe de l’Ouest, et le Golfe persique sont les principales zones d’immigration. Les pays qui accueillent le plus d’immigrés sont :
Tableau : Pays ayant accueilli le plus grand nombre d’immigrés internationaux 2016 (Source Wikipédia )

RahgPaysNombre d’immigrés
1États-Unis45 785 090
2Russie 11 048 064
3 Allemagne 9 845 244
4 Arabie saoudite 9 060 433
5 Royaume-Uni 7 824 131
6 France 7 439 086
7 Canada 7 284 069


L’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine sont les principales zones d’émigration.
Les régions qui ont un fort taux de départ sont :
L’Inde, le Mexique, la Chine, le Bangladesh, le Pakistan, les philippines, le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest, l’Italie…
La route migratoire la plus fréquentée est celle entre le Mexique les États-Unis avec environ 13 millions de migrants en 2015.
A l’échelle continentale, on observe que certains pays sont des zones attractives à l’instar de l’Afrique du sud, du Gabon et de la Guinée Équatoriale. D’autres jouent un rôle de transit comme la France et l’Italie qui sont des portes d’entrée de l’Europe. D’autres aussi comme la Libye servent de passage pour rejoindre l’Europe. Le Maroc, la Turquie, le Mexique et la Malaisie sont aujourd’hui de véritables plaques tournantes de l’immigration. Certains immigrés temporaires finissent par y passer des dizaines d’années, en travaillant au noir et en épargnant pour rejoindre leur pays de leur rêve.

Conclusion
Les phénomènes migratoires sont impulsés par une pléthore de facteurs. Le potentiel des migrations surtout internationales est extrêmement important (environ 3,3% de la population mondiale selon le BIT ( Biseau internationale du travail) ) et subsistera tant qu’existera une disparité des niveaux de développement entre les diverses régions du monde. En effet l’objectif principal qui anime l’esprit des migrants reste la recherche du bien être personnel. Mais peu importe la durée, la raison ou l’espace concerné par ces déplacements, les migrations ont toujours une incidence positive ou négative dans les zones de départ et les zones d’arrivée.

Le solde migratoire ou bilan migratoire
Le solde migratoire selon l’INSEE (institut national de la statistique et des études économiques) est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées dans un territoire et le nombre de personnes qui en sont sortie au cours d’une année.
Ce concept est indépendant de la nationalité. Il est positif dans la plupart des pays d’Europe, et d’Amérique du Nord mais négatif dans les pays africains et asiatiques. Il se calcule de la manière suivante :
\[SM = IM – EM\]
SM : solde migratoire;
IM : immigrant ;
EM : émigrant.

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