Cours d’ECM Terminale A C D E TI – Le concept de relations internationales

INTRODUCTION
Les États et les peuples du monde entretiennent entre eux des relations sous divers aspects ; les relations politiques (pacifiques ou conflictuelles), les relations économiques, les relations culturelles et les relations non étatiques. Bien que ces échanges transfrontaliers ou interocéaniques soient aussi anciens que l’histoire de l’humanité, l’expression Relations internationales est récente. Elle est apparue après la 2ème guerres mondiales en remplacement du terme diplomatie. Néanmoins, elle a une longue histoire et comporte des aspects variés.

I- QU’ENTEND-T-ON PAR RELATIONS INTERNATIONALES ?
Il n’est pas aisé de donner une définition exacte des relations internationales car plusieurs courants s’affrontent.
1- LE COURANT MORALISTE
Ici, les relations inter souverains sont fondées sur les préceptes bibliques, d’amour, d’égalité et de justice. Mais on a reproché à cette théorie qualifiée d’idéaliste de ne pas prendre en compte l’influence du calcul politique dans les relations internationales.
2- LES POLITISTES ET LA LOGIQUE CONFLICTUELLES DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
Les politistes pensent que les RI sont par essence conflictuelles. Elles servent à établir les rapports de force entre les États. Mais cette approche met plutôt l’accent sur le pouvoir sans identifier le caractère juridique des relations internationales.
3- LES JURISTES ET LA NOTION DE DROIT DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
Pour les juristes ; les relations internationales consacrent la souveraineté des États qui est l’élément essentiel de la politique étrangère. Pour eux tant que la souveraineté des États n’est pas violée, les relations interétatiques se portent toujours bien. Les juristes négligent le caractère belliqueux des relations internationales.
4- LES PHILOSOPHES ET LA JUNGLE DES RELATIONS INTERNATIONALES
Selon les philosophes, on ne peut pas parler de philanthropie dans les relations internationales car il n’y a pas d’amis il n’y a que d’intérêts. Le monde est une jungle où les plus forts dominent les plus faibles en cherchant leur profit, leur sécurité et leur gloire.
Toutes ces approches nous amène à définir les relations internationales comme étant l’étude des interactions entre les divers acteurs ou sujets de la vie internationale qui sont les États, les organisations internationales, les ONG et les CTD. Elles sont aussi considérées comme l’étude du comportement de ces différents acteurs lors de leur participation individuelle ou collective dans la sphère de la politique internationale. Aujourd’hui, les peuples et les États ont les mêmes intérêts, leurs aspirations sont presque identiques c’est pourquoi on parle de village planétaire.

II- HISTORIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES
Certains événements et dates ont profondément marqué l’évolution des relations internationales en raison de leur caractères dynamique. Toutefois les relations internationales ne sont pas une création de notre société actuelle, car les peuples ont toujours entretenu des relations avec leurs voisins plus ou moins proches.
1- Les relations internationales des temps anciens
Elles étaient en majorité conflictuelles. En effet pour étendre leur espace vitale, les peuples ont longtemps mené des guerres qui les opposaient à d’autres peuples. Elles étaient aussi en grande partie commerciales car de nombreux échanges mettaient en contact les peuples d’horizons divers.
2- Les relations internationales des temps modernes
Si les relations internationales se faisaient de façon anarchique avant le 17è siècle, on constate une modernisation de celles-ci au gré des conférences et des traités après cette période.
a- LES TRAITES DE WESTPHALIE (1648)
A la suite d’une guerre opposant l’empire germanique, l’Autriche, l’Espagne et la France furent signé 3 traités, nommés les traités de Westphalie. Ceux-ci ont une importance fondamentale dans l’histoire des relations internationales, car ils fondent la notion juridique de l’état comme entité politique dotée de frontières bien déterminées. Désormais, une distinction pouvait être faite entre les États. Ces traités marquent la première forme d’organisation politique de l’Europe. Organisation connue sous le nom de Concert européen c’est-à-dire une rencontre entre souverains européens dans l’optique de garantir la paix et la tolérance mutuelle.
b- LE CONGRES DE VIENNE (1815)
Le Congres de Vienne, capitale de l’empire austro-hongrois se tient en 1815 pour mettre fin aux guerres napoléoniennes qui ont bouleversées l’Europe. L’influence de ce congrès sur les relations internationales se perçoit sur plusieurs plans :
– D’abord il permet de changer de vocabulaire dans les relations internationales au niveau du regroupement européen. On passe ainsi de Concert à Congres avec une connotation de regroupement plus large.
– Ensuite, il ne débat pas seulement des problèmes européens, mais aborde aussi des questions intéressant d’autres continents comme la traite négrière en Afrique.
– Ce congres a servit de base à l’organisation d’autres congres ayant pour objectif de préserver la paix comme ce fut le cas du Congrès de Berlin (1884-1885).
c- LA CONFÉRENCE DE BERLIN
Convoquée par le chancelier allemand Otto Von Bismarck, la conférence de Berlin qui a réunit 14 États européens se tient du 15 Novembre 1884 au 26 Février 1885. A la suite de cette conférence plusieurs décisions furent adoptées et consignées dans un document appelé Acte final de Berlin. Cette conférence apparait donc comme le signal du partage de l’Afrique au profit de l’Angleterre, la France, l’Allemagne, la Belgique et le Portugal. Elle est à l’origine de l’instauration d’un rapport de force entre deux mondes donc l’un est constitué d’acteurs et l’autre de sujets des relations internationales.
d- LE TRAITE DE VERSAILLES (1919)
Le traité de Versailles est l’accord signé à Paris entre les puissances alliées et vaincues de la 1ère guerres mondiales. Cette conférence est en réalité la première véritable rencontre internationale de l’histoire parce qu’on note la participation des États non européens. L’importance de la conférence de Versailles dans les RI réside dans la naissance de la SDN qui est la première organisation internationale créée dans le but d’assurer la paix et la sécurité mondiale.
e- AUX ORIGINES DE L’ONU : LES CONFÉRENCES DE YALTA, DE POSTDAM ET DE SAN FRANCISCO
Ces 3 conférences qui interviennent pour résoudre les problèmes de la 2ème GM ont une influence certaine dans les relations internationales contemporaines.
– La conférence de Yalta (Février 1945)
Elle réunit Roosevelt (président des USA), Churchill (premier ministre de la grande bretagne) et Staline (secrétaire général du parti communiste soviétique), les 3 principales puissances alliées de la 2ème guerres mondiales. Elle a pour but essentiel l’organisation du monde au lendemain de ce conflit planétaire. Parmi les décisions prises à l’issue de ce sommet figure la naissance de l’ONU. Ses résolutions allaient donner une orientation durable au monde contemporain, car elles posaient les fondements de ce qui allait devenir « le nouvel ordre mondial au lendemain de la 2ème guerres mondiales »
– La conférence de Postdam (Juillet-Aout 1945)
Elle réunit Truman (président des USA), Attlee (premier ministre de grande bretagne) et Staline. Son but essentiel a été de déterminer les frontières des différents États européens au lendemain de la seconde guerres mondiales.
-La conférence de San Francisco (Avril-Juin 1945)
Cette conférence est restée célèbre dans ‘histoire des relations internationales parce qu’elle forge des outils fondamentaux du nouvel ordre mondial : l’ONU. C’est à cette conférence qu’est adoptée la Charte des Nations Unies qui définit les principes et les buts de l’ONU ainsi que le fonctionnement de ses organes annexes. Depuis 1947 jusqu’à 1990, les relations internationales ont connu une influence idéologique avec les tensions Est-Ouest. Cependant depuis l’effondrement du bloc soviétique sont conduites par les USA.

III- INTÉRÊTS DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
1-Intérêt économique
A cause de l’interdépendance des économies, les diverses régions du monde s’échangent régulièrement des produits vitaux. Les pays du Nord sont à la recherche des matières premières venant du Sud, tandis que ces derniers ont besoin de produits manufacturés fabriqués au Nord. En outre les pays enclavés c’est-à-dire sans ouverture sur la mer sont obligés de coopérer avec ceux qui ont accès à la mer pour des raisons d’import-export.
2-Intérêts diplomatique et stratégique
Pour sauvegarder la paix et la sécurité mondiale, les nations sont obligées de coopérer au sein des organisations internationales qui peuvent être sous régionales, régionales et même mondiales. Ceci dans le but de bénéficier d’un soutien ou d’une solution négociée en cas de conflit.
3-Intérêt humanitaire
Les catastrophes naturelles (tsunamis, cyclone, inondation), les pandémies (SIDA) ou les épidémies (Ebola) aux conséquences désastreuses, n’ont pas de frontières d’où la nécessité d’une solidarité internationale. En outre pour se partager les valeurs culturelles, les États entretiennent des relations à travers la littérature, le sport et la musique.

IV- LES ASPECTS DES RELATIONS INTERNATIONALES
Pour qu’on parle de relations internationales, il faut un certain nombre d’instruments tels que les formes de coopération et les institutions de celle-ci.
1-LES FORMES DE COOPÉRATION
La coopération est la méthode d’action par laquelle des personnes et des nations, ayant un même intérêt s’associent en vue de rechercher un avantage commun. Il existe plusieurs types de coopération parmi lesquelles on peut citer :
– La coopération bilatérale qui se limite seulement à deux États. Exemple la coopération franco-camerounaise ;
– La coopération multilatérale ; c’est une coopération entre un État et une organisation internationale ou un organisme international. Exemple la coopération Cameroun-ONU ;
– La coopération régionale ; elle se fait au sein d’une région. Exemple Cameroun-UA, France-UE ;
– La coopération sous régionale qui s’effectue entre un État et sa sous région. Exemple Cameroun-CEMAC, Nigeria- CEDEAO ;
– La coopération intercontinentale ; elle se fait entre plusieurs pays des continents différents. Exemple Cameroun-Francophonie, Nigeria-Ligue arabe.
Malgré leur diversité, les formes de coopération se heurtent à des difficultés d’ordre linguistique, monétaire, à l’égoïsme des États et aux barrières douanières. C’est dans ce sillage qu’intervient la notion de développement qui permet de distinguer les coopérations NORD-NORD, NORD-SUD et SUD-SUD.
La coopération NORD-SUD est une coopération verticale qui met en exergue les pays développés et les pays en voies de développement. En d’autres termes ce sont des aides politiques, économiques, technologiques et humanitaires que le NORD apporte au SUD pour résoudre les problèmes liés au sous développement :
– La coopération politique est liée à l’échange des ambassadeurs ;
– La coopération technique ou assistance technique s’effectue dans le cadre du transfert de technologie, de l’octroie des bourses d’étude, de l’organisation des séminaires de formation et de recyclage des cadres ;
– La coopération humanitaire concerne l’aide alimentaire, la lutte contre les fléaux comme le SIDA et le paludisme, l’assistance aux réfugiés ou aux victimes des catastrophes naturelles, le soutien militaire en cas de guerre.
Malheureusement cette coopération est généralement déséquilibrée et inégale à cause de la domination des pays du NORD. Celle-ci se traduit par:
 * La dépendance commerciale du SUD à l’égard du NORD qui entraine la DTE ;
* Le lourd endettement des pays du Sud. En effet la dette extérieure de ces pays a qua-triplé en moins de 20 ans devenant ainsi un fardeau insupportable. Cette situation est devenue un obstacle au développement car son remboursement absorbe les ressources du SUD et les conditions qui accompagnent l’aide entrainent une perte de souveraineté des PS les maintenant dans une situation d’éternel assistés ;
*  La morosité du transfert de technologie est à l’origine de la faible industrialisation des PS qui deviennent par conséquent un dépotoir des produits manufacturés de l’occident ;
* Le système monétaire inéquitable. En effet le système financier mondial reste dominé par le NORD qui détient non seulement les grandes banques mais a aussi une main mise sur les institutions financières telle que le FMI et la BM ;
* Le monopole sur la prise des décisions. Il existe un dialogue de sourd entre le NORD et le SUD ce qui se traduit par l’égoïsme du NORD et le rejet systématique des propositions du SUD. Exemple au sommet de Cancun, les coton-cuTteurs ont revendiqué la suppression des subventions accordées aux agriculteurs du NORD mais leur doléance est restée lettre morte. En outre, l’Afrique revendique depuis des lustres une place permanente au conseil de sécurité de l’ONU.
Face au caractère déséquilibré de la coopération NORD–SUD, il est temps pour les pays du SUD de promouvoir la coopération horizontale SUD-SUD afin que les pauvres puissent ensemble conjuguer leurs efforts. Toutefois pour une coopération NORD-SUD saine, il faut :
*  Une annulation sans condition de la dette des pays sous développés;
* L’augmentation de l’aide publique au développement d’au moins 0,7% du PIB des PN tel que prévu par les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ;
* La nécessité d’un nouvel ordre mondial qui s’étendrait sur :
– La promotion d’un commerce mondial plus juste avec la stabilisation des prix des matières premières ;
– L’octroie des aides sans conditions comme le soutenait le président nigérien ADEBAYO ADEDEJI « l’aide ne peut être utile que si elle nous permet de nous passer de l’aide, si elle cesse de nous asservir »
– Les pays sous développés doivent aussi mettre en place des mécanismes de bonne gestion (lutte contre la corruption et les détournements des fonds publiques), et renforcer aussi la démocratie.
2-LES INSTITUTIONS DE LA COOPÉRATION
Elles sont multiformes, variées et jouent un rôle important dans le cadre de la coopération entre les nations. Il s’agit :
– Des organismes tels que les organes annexes de l’ONU (UNESCO, FMI, PAM etc.)
– Des institutions régionales telles que l’UA, la Ligue arabe, l’OEA (Organisation des États Américains), CEEAC (Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale), CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest), OTASE (Organisation du Traité de l’Asie du Sud-est) etc.
– Les multinationales telles que ELF, ….
– Des structures gouvernementales ou non gouvernementales, des associations telles que les ONG.
3- LA NOTION DE PRINCIPE DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES : CAS DE LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE
La coopération qui régit les relations entre les États n’est pas menée au hasard. Elle est déterminée par les principes du droit international public. Au lendemain de son indépendance, le Cameroun défini sa politique étrangère qui porte sur les points suivants :
– La souveraineté nationale; il s’agit de défendre l’indépendance du Cameroun contre les menaces étrangères ;
– La coopération internationale; elle consiste à coopérer avec tous les pays susceptibles de contribuer matériellement à son épanouissement socio-économique;
– La non ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ;
– L’attachement aux nobles idéaux de paix et de sécurité dans le monde ;
– Le règlement pacifique des conflits ;
– Le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Le Cameroun adhère aux principes énoncés dans les chartes de l’ONU et de l’UA.

CONCLUSION
Avec le phénomène de la mondialisation, il parait difficile aux États de vivre en autarcie. Ces derniers se trouvent entrainer dans plusieurs formes de coopération en majorité avantageuses mais aussi préjudiciables surtout pour les pays en voies de développement

VOCABULAIRE

Organisation internationale : Ensemble formée d’États réunis au sein d’une association poursuivant les mêmes objectifs.
Politique étrangère : Attitude d’un pays vis à vis des États voisins. Mieux encore, c’est la manière dont un pays perçoit ses intérêts dans le contexte international. C’est aussi l’attitude d’un pays vis à vis des courants doctrinaux qui secouent le monde et influencent les quêtions internationales.
Affaires étrangères : Relations bilatérales ou multilatérales qui n’intéressent pas le pays où l’on se situe.
Question internationale : Toute affaire ayant trait aux relations avec les États et les organisations internationales indépendamment du sujet concerné.
Diplomatie : Raisonnement avec lequel un État joue dans le contexte international en faveur de ses intérêts.
Autarcie : Le fait pour un pays de vivre replié sur lui-même sans entretenir de relation avec d’autres pays.
État souverain : État indépendante qui décide de la gestion des affaires de son pays sans contrôle d’une quelconque puissance.
Ambassade : Représentation diplomatique d’un État auprès d’une puissance étrangère.

Pacte : Accord entre États ou entre particuliers dans le but de défendre une même cause.
Déclaration : affirmation de l’existence d’une situation juridique.
Particularisme : Tendance de ceux qui, englobés dans un État veulent cependant préserver leurs traditions ou libertés fondamentales.
Aide bilatérale : Concours multiformes (dons, subventions, prêts) qu’un pays bénéficie d’un autre avec lequel il entretient des relations.
Aide multilatérale : Ensemble de concours financiers ou monétaires consentis à un État par une organisation internationale ou une multinationale. Cette aide peut être octroyée à plusieurs pays au même moment.
Consulat : Représentation diplomatique d’un État ayant essentiellement un rôle socio-économique
Convention : Accord signé entre deux ou plusieurs sujets du droit international dans le but de résoudre un problème ou de conclure un partenariat.

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