Cours de Philosophie · Terminale France – La vérité : Fiche de cours – Philosophie

Introduction :

Au quotidien nous affirmons tous des choses comme si elles étaient vraies, sans même y penser ou se questionner dessus. « Cette chemise me donne l’air intelligent » par exemple, au moment de l’énoncer nous l’affirmons avec certitude, mais comment est-ce possible ? Sur quels critères nous basons-nous pour dire que ça, c’est la vérité ? Difficile d’y répondre et de donner une définition au concept de vérité.

Nous allons toutefois tenter de répondre à cette question et de comprendre la notion de vérité. Pour ce faire, nous essaierons tout d’abord de différencier « vérité » et « opinion ». Puis, nous nous demanderons s’il est possible d’atteindre la vérité, et si c’est le cas, de quelle manière. Enfin, nous tenterons d’établir les raisons pour lesquelles nous voulons l’atteindre.

La vérité et l’opinion

Selon le courant de pensée philosophique appelé le réalisme, la vérité est la conformité de la pensée à la réalité objective, celle de l’extérieure. Si nous disons « en ce moment le ciel est bleu » et qu’il se trouve que le ciel est effectivement bleu à ce moment donné, alors l’énoncé est conforme au réel : il est donc vrai. En revanche si le ciel n’est pas bleu, alors l’énoncé est faux. Or, il existe un autre courant philosophique appelé l’idéalisme selon lequel la vérité est la conformité à l’idée de la chose. Pour Platon, par exemple, chaque chose est une copie imparfaite d’une idée qui existe indépendamment de cette chose. De ce fait, pour déterminer ce qui est vrai, il faut s’attacher à l’idée et non à sa représentation dans le monde physique.

L’opinion

Une vérité valable seulement pour soi est une opinion personnelle. L’opinion est toujours partielle, relative et changeante. Elle est propre à chacun ou à un groupe d’individus, elle peut donc être partagée. Cependant, il ne suffit pas qu’une opinion soit partagée pour qu’elle soit vraie. Prenons l’exemple de la doxa (qui était l’opinion populaire en Grèce antique), elle était partagée par de nombreux citoyens et citoyennes et n’était pourtant pas toujours un exemple de vérité : on a longtemps cru que la terre était plate par exemple !
Il en va de même pour les énoncés scientifiques, certains furent entièrement niés voire vus comme de véritables sacrilèges : Galilée a par exemple été condamné par l’Inquisition pour avoir soutenu l’héliocentrisme et dénigré le géocentrisme. Pour autant, il a depuis été prouvé – et admis par tous – que la Terre tournait autour du Soleil, et non pas l’inverse.

Les proverbes sont aussi un exemple d’opinion : « l’argent ne fait pas le bonheur » ou « l’amour rend aveugle » se veulent l’expression d’une vérité universelle. En réalité, ce ne sont que de simples opinions. Pour accéder au statut de vérité, il faudrait pouvoir vérifier que l’argent n’a jamais fait le bonheur de personne et que l’amour a toujours rendu tout le monde aveugle. Même si nous considérons en permanence que c’est le cas, nous ne connaissons pas suffisamment cette réalité pour accéder à la vérité.

Quant aux énoncés philosophiques, ils relèvent souvent de l’opinion, étant difficiles à prouver et vérifier. La méthode socratique tente pourtant de déceler la vérité, elle est d’ailleurs encore largement utilisée : on appelle cela la maïeutique. Cette méthode est propre à Socrate, principal protagoniste des dialogues de Platon. Son but est de faire accoucher de la vérité à l’aide de questions, car selon lui la vérité doit venir de la personne et non de l’extérieur.

La vérité

Il est difficile de déterminer des critères précis pour le concept de vérité. On peut cependant différencier deux écoles :

Dans sa Critique de la raison pure, Kant différencie les connaissances a posteriori, qui s’appuient sur l’expérience, des connaissances a priori, qui n’ont pas besoin d’être vérifiées par l’expérience. Ainsi, le principe aristotélicien d’identité, selon lequel tout objet est identique à lui-même, est vrai a priori. Il est inutile d’aller vérifier pour chaque objet si c’est vrai, car il s’agit d’un principe logique ; de la même manière, un triangle rectangle possède nécessairement un angle droit. Kant fait également une distinction entre des vérités analytiques, qui sont vraies par définition et n’étendent pas nos connaissances, des vérités synthétiques, qui sont vraies en vertu d’autre chose et qui, elles, améliorent nos connaissances.
Par exemple, 2=2 est un énoncé analytique, il ne fait qu’expliciter quelque chose de vrai que l’on sait déjà, mais 1+1=2 est un énoncé synthétique, il explique quelque chose qu’on n’apprend qu’avec un raisonnement.
Kant remarque ainsi une spécificité propre aux mathématiques : les énoncés algébriques et géométriques sont les seuls à être à la fois synthétiques et a priori. Lorsque j’énonce un théorème mathématique, j’apprends quelque chose sur le monde : pourtant ce dernier n’est pas vrai en vertu de l’expérience, mais en vertu de la raison.

L’insuffisance du langage

Pour sortir de cette confusion, il faudrait faire comprendre à notre auditoire que nos propos ne sont que de simples opinions personnelles. Pour cela, il faut admettre que ce que nous disons n’est que probablement vrai, car comme l’affirme Platon « l’opinion est un intermédiaire entre la connaissance et l’ignorance ».

Nos idées nous sont propres, ce ne sont pas des vérités universelles elles ne font que témoigner de notre subjectivité. Quotidiennement, nous prenons donc des décisions sans connaître la vérité : il faut donc agir avec prudence. Par exemple, sans être diététicien, nous pouvons quand même être vigilant et raisonnable vis-à-vis de ce que nous consommons. Lorsque nous entreprenons quelque chose, nous ne sommes pas dans le domaine de la vérité, mais dans celui de l’opinion, du vraisemblable.

À retenir

Aristote a expliqué que la prudence consiste à agir sans certitude absolue, mais en faisant les choix les plus raisonnables possibles au vu des circonstances.

Réflexion

Platon et l’allégorie de la caverne

Dès l’Antiquité, Platon a bien compris le caractère doxique de nos idées : le philosophe grec considère que le monde dans lequel nous évoluons est celui du vraisemblable, de l’opinion. Dans La République, écrit en 380 av. J.-C., Platon décrit un endroit, ressemblant à une caverne, dans lequel des individus sont prisonniers, enchaînés dos à l’entrée et face à un mur sur lequel apparaissent des images : ils n’ont jamais vu autre chose, ne connaissent que ça. Ces « images » sont les ombres d’objets réels se trouvant derrière eux. Faute d’avoir connu autre chose, les prisonniers pensent avec certitude que ce qu’ils voient est le réel, alors qu’ils ne perçoivent, en réalité, que l’ombre du réel.

 La Grotte de Platon, attribué à Michiel Coxcie, milieu du XVIe siècle

Elle critique le rapport illusoire que l’être humain entretient avec la vérité en la confondant avec ce qu’ils perçoivent, pensent connaitre, c’est-à-dire l’opinion.

À la fin de l’allégorie de la caverne, un prisonnier se libère de ses chaînes et sort. Il comprend alors que tout ce qu’il pensait être vrai n’est qu’illusion : il prend conscience qu’il n’a jamais eu accès à la vérité, mais seulement à sa copie. Cette prise de conscience est douloureuse : comprendre qu’on ne sait rien et qu’on ne possède aucune vérité, alors qu’on pensait tout le contraire, est dur à admettre. Pour cet homme, le plus dur est certainement le moment où, habitué à la lumière qui éclaire les idées parfaites, il lui faut redescendre pour libérer ses compagnons et leur faire admirer à leur tour ces idées parfaites. En effet, pour ce faire il doit à nouveau habituer son regard à l’ombre de la caverne, sans quoi il ne verrait plus les ombres qui, pour les autres prisonniers, sont la réalité, ils le prendraient alors pour fou et ne le suivraient sûrement pas.

Que nous possédions des opinions n’est pas problématique ! Ce qui pose un problème est notre incapacité à reconnaître que ces opinions ne sont valables que pour un moment, pour un individu et pour un contexte donné. N’ayant pas accès à la sagesse de l’allégorie de la caverne, la plupart des êtres humains sont certains de détenir une vérité valable pour tous et pour toujours. Il nous faut ainsi trouver des critères communs pour évaluer la véracité de ce qu’on dit, ils permettraient d’éliminer le caractère flou propre au langage naturel.

Astuce

Ce « langage naturel » est le langage de tous les jours, celui que vous êtes en train de lire actuellement. Il s’oppose au langage formel, comme les mathématiques (1+1=2) ou la logique (a=a), par exemple.

Les critères de vérité

En logique formelle il existe une différence entre la vérité et la validité. La vérité porte sur les énoncés, on dit qu’ils sont vrais ou faux. La validité porte sur les arguments, on dit que sont valides ou non valides.
Prenons le type d’argument parmi les plus utilisés : le syllogisme. Il consiste à prendre une vérité générale, une vérité particulière (soit deux prémisses) et à en tirer une conclusion particulière. Dans un argument on retrouvera ces deux parties : les prémisses et la conclusion. La validité de ce raisonnement repose donc sur le fait que les prémisses permettent, sans contradiction, de tirer la conclusion : si les prémisses sont vraies, alors la conclusion l’est aussi.

Voyons le syllogisme qui suit :

Prémisse 1 : Tous les humains sont mortels
Prémisse 2 : Socrate est un humain
Conclusion : Socrate est mortel

Prémisse 1 : Pour tout objet S du monde, s’il possède la propriété X, alors il possède aussi la propriété Y
Prémisse 2 : S possède la propriété X
Conclusion : S possède la propriété Y

Essayons de le vérifier :

Propriété X = « être un chat »
Propriété Y = « avoir une moustache »
Objet S = « Mario »

Prémisse 1 : Tous les chats ont une moustache
Prémisse 2 : Mario est un chat
Conclusion : Mario a une moustache

Voyons ensemble un exemple de syllogisme mal utilisé :

Prémisse 1 : Tous les chats ont une moustache
Prémisse 2 : Mon père a une moustache
Conclusion : Mon père est un chat

En effet, la prémisse 1 dit que « tous les chats ont une moustache », mais ne dit pas du tout que « tous les objets avec une moustache sont des chats ». La conclusion ne découle alors pas des prémisses.

C’est pourquoi, bien que les prémisses et la conclusion soient vraies dans cet exemple, l’argument n’est pas valide non plus :

Prémisse 1 : Tous les humains sont mortels
Prémisse 2 : Socrate est mortel
Conclusion : Socrate est un humain

Grâce à la logique, Aristote a permis de montrer comment on pouvait construire un argument pour, qu’à partir de prémisses vraies, on puisse obtenir nécessairement une conclusion vraie elle aussi.

Comment accéder à la vérité ?

Prendre conscience de son ignorance : humilité et lutte contre le dogmatisme

La vérité ne se déniche pas facilement. Alors comment l’atteindre ?
Admettre son ignorance permet de s’orienter vers la vérité. En effet, si nous sommes certains que notre opinion est vraie, pourquoi chercherions-nous une autre vérité ? Il paraît futile de rechercher ce que l’on croit déjà détenir : or admettre que nous ne savons pas – ou ne sommes pas sûrs – est un premier pas vers la vérité.

Réflexion

Socrate et la vérité

Socrate, le principal protagoniste des dialogues de Platon, considère que la vérité n’est pas innée pour l’être humain mais qu’elle doit être acquise. Pour cela, nous devons d’abord prendre conscience que la plupart de nos pensées sont en fait des opinions, comme nous l’avons vu plus tôt.

Pourtant Socrate assume et proclame une unique certitude : « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien. »

Cette prise de conscience est nécessaire pour celui qui veut vraiment conquérir la vérité. Celle-ci ne se donne pas, elle se dévoile progressivement. D’ailleurs en grec, « vérité » se dit alètheia et signifie à la fois « vérité » et « dévoilement ».

Les ignorants auxquels s’oppose Socrate ne sont pas des personnes n’ayant reçu aucune instruction : ils sont porteurs d’une vérité qu’il s’agit simplement de leur faire accoucher. C’est l’essence même de la maïeutique. Selon Platon la vérité est donc à la portée de tous, car nos âmes l’ont contemplée avant d’arriver dans la réalité matérielle. Ainsi, découvrir la vérité est plus une affaire de réminiscence que de découverte : nos âmes se souviennent des idées parfaites qu’elles ont contemplées.

Définition

Dogme :

Le dogme est un énoncé présenté comme vrai, sans preuve. Par exemple, les principes religieux admis par les croyants sont des dogmes. C’est aussi le cas de certaines propositions mathématiques ! En effet selon le théorème d’incomplétude énoncé par le logicien Gödel au XXe siècle, il existera toujours en mathématiques des énoncés vrais, mais pourtant indémontrables.

Le dogmatisme et ses dangers

La publicité utilise la logique du dogme : elle nous assaille d’opinions ayant l’apparence de vérités. Quelques membres de notre société profitent de cette confusion entre opinion et vérité à des fins commerciales, c’est pourquoi ils font appel à la publicité.
Les publicitaires sont d’excellents manipulateurs d’opinions : ils parviennent à faire croire aux consommateurs que le produit qu’ils proposent est primordial pour eux.
Les politiques sont également d’excellents manipulateurs d’opinions : leur éloquence donne une apparence de vérité parfaite à des idées très discutables.

Le dogme peut ainsi devenir dangereux lorsqu’il est utilisé pour manipuler les foules. Par exemple, les extrémistes religieux ont assimilé des dogmes qui deviennent leur unique repère intellectuel et moral. Ces règles, présentées comme des lois divines, les manipulent et les rendent dangereux car ils deviennent imperméables à la raison.

Douter

Chercher la vérité c’est donc lutter contre le dogmatisme et contre le pouvoir des manipulateurs d’opinion qui abusent de notre crédulité. Or, comment y parvenir ? En essayant de lutter contre toutes les opinions qui se font passer pour des vérités. Les croyances, les préjugés et les idéologies sont des opinions qui prennent – souvent de manière abusive – le statut de vérités. Il s’agit donc d’abord de douter, puis d’examiner les idées avec soin pour comprendre si elles méritent leur statut de vérité ou si elles ne sont que de vagues opinions.

Réflexion

Descartes : rien n’est vrai sauf la conscience

Au XVIIe siècle, Descartes a mené un travail d’examen de ses opinions pour tenter de sortir de son dogmatisme. Depuis son enfance, il a emmagasiné de nombreuses connaissances dans tous les domaines et les a acceptées sans sourciller ni les vérifier.

Descartes constate que nos vérités sont construites soit par nos sens, soit par notre intellect. Or nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que nos sens nous fournissent des vérités : ce que nous percevons autour de nous n’est peut-être pas le réel, mais une erreur de nos sens ou une illusion créée par notre inconscient. D’autre part, le raisonnement intellectuel ne produit pas non plus toujours des vérités. En effet, puisque nous ne sommes que des êtres humains, nous nous trompons. La possibilité de trouver une vérité semble donc s’éteindre.

Or, au moment où Descartes abandonne l’espoir d’atteindre une vérité et admet que nous sommes condamnés à nous contenter d’opinions, une vérité surgit enfin de manière fulgurante. Il ne peut douter que son esprit est en train de douter : « il pense, donc il est. » Nous sommes, avec certitude, des sujets pensants capables de douter, d’examiner, de rejeter. On ne peut douter de notre esprit qui s’efforce de penser : cette vérité est connue sous le nom du cogito ergo sum (« je pense donc je suis »).

Humeempiriste sceptique, va plus loin que Descartes en déclarant qu’aucune vérité n’est définitive. Selon lui, seule l’expérience est révélatrice de vérité, or elle sera toujours insuffisante pour révéler des vérités universelles et nécessaires : il est en effet impossible pour l’être humain de faire l’expérience de l’universel (vrai partout) et du nécessaire (vrai de tout temps).

C’est ainsi qu’écrit Kant, dans sa Critique de la raison pure, que Hume l’a réveillé de son « sommeil dogmatique ».

Dialoguer

Dans l’Antiquité, Socrate pratiquait déjà le dialogue avec ses contemporains, notamment avec les sophistes (professeur d’éloquence de la Grèce antique). Malheureusement, les échanges tournaient souvent à l’insulte et au règlement de compte, car ces derniers étaient les ennemis de la conception socratique. Chaque camp cherchait à convertir l’autre à son opinion. Or, Kant nous explique que pour être productif, un dialogue ne doit pas viser la victoire sur l’autre. Un vrai dialogue, rationnel entre les points de vue, est fécond s’il aboutit à une conclusion commune : c’est ce que Kant appelle le sens commun.

Réflexion

Kant et le sens commun

Le sens commun est une référence commune à tous, indispensable pour que les esprits s’accordent. Cet effort suppose au moins deux conditions :

La véritable connaissance n’est pas solitaire, c’est un processus commun dans lequel chacun accueille le point de vue des autres pour élargir voire modifier le sien.

La vérité se définit plutôt comme un chemin à emprunter, c’est aussi une certaine attitude intellectuelle qu’il faut avoir envers l’ignorance et les opinions. Reste à comprendre pourquoi l’homme est fasciné par la vérité. Quel intérêt avons-nous à la rechercher ?

Pourquoi souhaitons-nous accéder à la vérité ?

La vérité nous garantit le progrès

Le progrès technique

La grande ambition de Descartes était par exemple de rendre l’être humain « maître et possesseur de la nature ». Il n’a cessé d’affirmer que la science devait être utile à la vie. Son ambition était d’utiliser la science pour comprendre et domestiquer les forces naturelles, dans le but de servir l’humain : c’est aujourd’hui chose faite.
Établir une vérité scientifique analysant la force du vent permet de faire fonctionner des éoliennes et de créer de l’énergie naturelle et peu coûteuse. L’utilité principale des connaissances scientifiques est donc le progrès technique. La recherche de la vérité en science n’est donc pas désintéressée, mais souvent orientée vers des buts concrets comme le confort et le profit de l’être humain. Malheureusement, cela suppose et entraîne – souvent – des dérives et des nuisances.

Le progrès moral

La vérité a par ailleurs, aussi, un but moral. Par exemple, on apprend très tôt aux enfants à dire la vérité plutôt qu’à mentir. Dire la vérité a un intérêt pour la société et pour l’humanité entière. Imaginons que le mensonge soit instauré comme valeur morale : chacun mentirait comme bon lui semble, selon ses intérêts et ses désirs, si cela arrivait, la communication et tous nos échanges seraient faussés ; plus personne ne pourrait se faire confiance et la vie en société deviendrait impossible ; l’humanité serait alors menacée car les relations humaines seraient vouées à l’échec. Évidemment, dire la vérité n’est pas qu’un impératif pratique et un moyen de sauvegarder l’humanité : cela peut seulement être une devise que l’on se fixe, une obligation morale. La vérité est une valeur morale au sens où la personne qui la respecte est alors elle-même un être moral.

Dire la vérité demande un effort qui va à l’encontre de notre penchant à mentir pour notre intérêt personnel. Selon Kant, cet effort nous donne le statut d’être moral digne de respect. Ce statut privilégié nous élèverait au-dessus des animaux qui seraient dépourvus de moralité, de capacité de choisir entre le bien et le mal, ou entre la vérité et le mensonge. Un animal n’aurait pas le choix de suivre ou non son instinct, alors que les êtres humains peuvent décider de mentir ou de dire la vérité, parfois même au péril de leur vie.

La vérité est une valeur illusoire qui atténue nos angoisses

Réflexion

La vérité relative selon Nietzsche

Au XIXe siècle, le philosophe Nietzsche réaffirme l’idée qu’il n’existe pas une seule vérité, mais plusieurs dans une réalité donnée. D’un point de vue philosophique, la vérité est une construction de l’être humain qui lui permet d’étendre sa puissance et de développer ses capacités. Nous recherchons la vérité à travers la science, la politique, l’art et bien d’autres domaines, car elle est un moyen d’accroître notre puissance vitale et de développer notre potentiel de création.

Pour prendre un exemple simple, une situation n’est pas vécue de la même façon par un œil humain que par un œil de mouche. Chacun construit pour son espèce une réalité relative à ce qui leur permet de survivre.

L’angoisse de l’instabilité met l’être humain en quête du vrai

Selon Nietzsche, nous avons peur de l’instabilité. Le changement et l’instabilité provoquent dans notre esprit de la confusion et, par conséquent, de l’angoisse et de la nervosité. À travers la recherche de la vérité, l’humain exprime des besoins de permanence et de stabilité, nécessaires pour apaiser son esprit.

À retenir

Nous désirons du vrai car il nous apporte des certitudes immobiles rassurantes.

Notre besoin d’une vérité stable et objective découle de notre incapacité à supporter la variabilité des choses. Selon Nietzsche, l’authentique courage intellectuel exigerait d’abandonner la recherche de la vérité, d’ignorer enfin cette notion illusoire. Une personne libre et puissante doit être capable de dire : « le vrai ne m’intéresse pas ». La réalité est plus changeante et complexe que n’importe quelle vérité qui prétend atteindre et figer la réalité comme théorie, ou en tant qu’idée.

Conclusion :

Nous avons vu que bien que la vérité soit difficile d’accès, certains philosophes comme Descartes ont essayé de prouver que notre esprit pouvait l’atteindre. La condition préalable semble être la nécessité de se défaire de nos opinions, léguées par ce qui nous entoure et tous ceux qui participent à notre formation intellectuelle. Ainsi, l’esprit peut s’acheminer vers une connaissance certaine, comme en mathématiques, ou se contenter d’accorder son crédit aux opinions les plus raisonnables lorsqu’il s’agit de la vie quotidienne.

Par ailleurs, la vérité est une valeur universellement recherchée car elle offre aux personnes un intérêt intellectuel et moral. Toutefois la vérité est aussi un baume qui apaise notre esprit, toujours en quête de stabilité et de permanence.

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